Dans mes plus récentes recherches, j’ai ressenti le besoin d’identifier clairement mon style artistique et par la même occasion m’identifier moi-même. En rassemblant mes idées dans mon article « L’art : vecteur social et spirituel », j’ai finalement cerné le qualificatif de Baroque Moderne. Le terme Baroque Moderne existe actuellement en décoration mais à ma connaissance, aucun artiste visuel n’a encore réclamé ce terme. Je crois qu’il s’agit d’un courant déjà existant depuis quelques temps, particulièrement dans le monde du tatouage où les sujets antiques, décoratifs et floraux sont largement à la mode. Le mouvement Baroque fut prévalent en Europe au 17e siècle et se caractérise dans toutes ses formes par une représentation réaliste, une ornementation abondante et une ligne complexe. En observant mon propre travail, j’ai remarqué une série de similarité entre celui-ci et le style susmentionné, objet de ma recherche. Le jeu de texture, le fond léger ou absent, le haut contraste de lumière et l’arrangement graphique sont autant de qualités techniques déjà présentes ou que j’aspire à maitriser. La représentation hyperréaliste de l’époque Baroque est qualifiée de Naturalisme – l’art ancré dans la réalité. Pour les peintres des premières années de ce courant artistique, le naturalisme permet d’abolir les frontières entre l’art et la vie, de créer un équilibre entre réalité et imaginaire, confondant ainsi notre réalité et celle de la peinture. Il s’agit là de la définition presque exacte de mon concept de RubyMoon. La majorité des tableaux de cette époque sont des représentations à caractère religieux ou mythologique. Par contre, c’est à cette époque qu’on voit l’apparition de la nature morte. L’expression « nature morte » désigne un sujet constitué d’objets inanimés (fruits, fleurs, vases, etc.). Dans plusieurs formations académiques artistiques, il s’agit d’un des premiers thèmes étudiés à cause du sens d’observation qu’il nécessite et de sa grande technicalité. À l’époque Baroque, la nature morte était considérée comme symbolique. Les fleurs et les fruits sont une allégorie de fertilité, témoignage de la terre comme pourvoyeuse d’abondance et bonheur. Une catégorie de nature morte bien répandue dans ces années est la Vanité. Elle représente souvent des objets symbolisant la nature mortelle de l’homme et l’impermanence de toute chose tels que crânes, montres, chandelles, fruits mûrs et fleurs presque fanées.
Still Life with Bouquet and Skull– Adriaen van Utrecht
C’est ici que je me dois de faire un parallèle avec les enseignements de la méditation bouddhiste. Buddha a enseigné que la caractéristique décisive de l’univers est son caractère éphémère. Le Naturalisme et le Bouddhisme ont une commune motivation : observer les choses telles qu’elles sont. Pour les bouddhistes, « voir les choses comme elles sont vraiment » veux dire constamment les observer à la lumière de trois caractéristiques dont la première est « Anicca ». La notion que toute existence, sans exception, est en perpétuel changement. Les pratiquants de ces deux doctrines croient également que le divin peut se manifester de manière inattendue dans le quotidien. Alex Grey écrit : « Le déterrement des peintures paléolithique au 20e siècle révèlent que l’Art est une force instinctive puissante implantée dans le cœur des gens. L’Art est l’esprit collectif d’un peuple. L’Art n’est pas un amusement vain, une distraction ou un investissement à la mode. Bien que l’artiste, son art et l’observateur soient tous impermanents, l’Art peut fournir l’évidence d’un contact avec la force créative universelle au delà du temps. L’Art a la fonction et la mission d’interpréter le monde, de révéler la condition de l’âme, d’encourager notre nature supérieure et d’éveiller les facultés spirituelles de chaque individu. L’Art peut être une forme de vénération et de service. » (1) Je m’engage donc à embrasser l’émotion de l’instant présent dans la capture visuelle de moments éphémères, purs et beaux. Ces récentes réflexions sont pour moi une sorte de vérité ultime qui englobe parfaitement la conception personnelle que j’ai de mon existence. À partir de maintenant, je sens qu’il me restera très peu de choses à dire. C’est tout. Facile contemnit omnia qui se semper cogitat moriturum (Celui qui pense toujours à la mort peut facilement négliger toutes choses) – Hieronymus 1517 (1) The mission of Art – Alex Grey – http://www.alexgrey.com/essay/mission.html